samedi 27 avril 2013

Saint Mal Au Crâne

En cavale, le pirate. Evadé. Si tu suis mes aventures lecteur, j’ai faussé compagnie à mes geôliers. Fugitif qui s’en retourne sur les terres de ses aïeuls. D’Avranches à St Malo. J’écris cette nouvelle scribouille du haut des remparts de la cité corsaire. Une chope de houblon à portée de main. Je me suis fondu dans le décor. Pas de crachin vivifiant mais un soleil de plomb campe sur les statues de Surcouf et ses acolytes. Les effluves marins me parviennent. Je me tiens quelques temps éloigné du tumulte de nos villes aux sombres parfums de pots catalytiques. Mais revenons à nos moutons (des prés salés, bien évidemment). Je t’avais promis dans un précédent billet de revenir sur ce fameux concept de liberté d’expression. Je m’aperçois en propulsant quelques idées sur le papier le risque d’être rébarbatif. Tu me connais maintenant. Ne jamais faire trop long. Par peur de lasser. Tout est dans la concision du propos. Ecrire au scalpel. Chirurgie de l’écriture. La petite musique chère à Céline, toutes proportions gardées bien sûr. Donc je te jette en pâture ces simples pensées qui m’animent. Comme des ingrédients à modeler, à façonner à ton gré. A toi de jouer. C’est cela aussi l’espace flibustier. Pas du prémâché pour endormi de la cafetière. Fais fonctionner tes neurones, moussaillon !  Mal au crâne non garanti !

Prôner la liberté d’expression toute puissante tout en refusant le débat contradictoire à mon interlocuteur à coups d’interdictions, de lois ou de décrets. Paradoxal, non ?

Choisir un camp, c’est opter pour une communauté de pensée qui s’oppose à une autre. Je suis anti communautariste et je ne souhaite pas imposer ma pensée à tous. Suis-je dans la merde ?

J’entends souvent dire : « Je suis pour la liberté d’expression MAIS… ». Dans pareil cas, la conjonction de coordination n’est-elle pas à bannir ? Car ne sert-elle pas de bouclier à la raison d’Etat, au sacré religieux et au pseudo respect demandé par toute communauté comme périmètre de sécurité contre la rébellion, le blasphème ou la simple ironie salvatrice ?

La liberté d’expression n’est pas un but mais un moyen par lequel chacun doit pouvoir défendre son point de vue.

Il est si facile de penser comme la majorité et de se planquer derrière cela. La liberté d’expression doit titiller, faire réfléchir et réagir. Non pas par la violence mais par le débat, l’échange. Elle est la vigie des abus possibles de toute règle érigée en dogme.

La liberté d’expression ne consiste pas à dire n’importe quoi. Sinon, on verse dans la diffamation, la rumeur. Notions meurtrières.

Humour noir et liberté d’expression. Compréhension du premier et second degré. Tous sur le même pied d’égalité ou peine perdue ?

 « On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui ». Formule de Pierre Desproges issue maladroitement d’un fameux réquisitoire et élevée au rang d’hymne par certains partisans de la sacro sainte liberté d’expression. Au secours ! Car malheureusement, je suis, tu es, il ou elle est le « n’importe qui » concerné et dans ce cas, nous rigolons quand ?

La liberté d’expression, c’est aussi parfois savoir se taire.
  
Vous avez quatre heures.

jeudi 18 avril 2013

Le pirate piraté


L’arroseur arrosé. Expression peut-être surannée pour toi jeune lectrice. Mais celle du pirate piraté ? Davantage d’actualité, n’est-ce pas ? Parce que cette semaine, en quarantaine que nous l’avons mis ton Jack Sparrow « éructeur » du net ! A fond de cale ! Au pain sec et à l’eau ! Traitement de choc pour c’te fine gueule accoutumée à carburer aux meilleurs rhums sous perfusion. Finito les mojito ! Carte blanche sur fonds noir pour la rébellion ! Mutinerie générale chez les moussaillons de la maison Google & Co ! Motif invoqué : le flibustier de bazar est constamment en vadrouille. Trop. A la moindre escale, le v’là qu’y décarre ventre à terre - et ce n’est pas une image – de son poste de vigie pour aller s’encanailler dans quelques lieux de perdition prétendus culturels. Avec la fulgurance d’un go fast franco-suisse drivé par Rédoine Faïd avec Cahuzac sur le porte bagage, le fourbe Tricao enquille les concerts de rock, les cinémas de quartier mal famés et les lectures polardeuses. Si bien que t'as dû remarquer, son écriture s’en ressent. Comme dirait le dernier rejeton de la famille Courjault : « J’suis en froid avec ma vieille mais faudrait voir à pas me prendre pour un filet mignon congelé ! » Franchement, t’as lu sa dernière salve, lectrice ? Effarant ! A défendre l’indéfendable. Il ose tout. Te parler de liberté d’expression alors qu’il t’interdit de l’ouvrir sur son espace ! Je rêve ! Mais nous v’là à la barre ! Ah il va manger bon, pépère ! Il veut valser de plaisir ? Tanguer au rythme des mots ? On va te le soigner le marathonien des salles obscures ! Le mono muscle (son index) du tournage de pages sur canapé !

Non parce que tiens toi bien l’abonnée, je vais te faire part de son dernier delirium (pas très mince du tout) au vilain corsaire. Y’a quinze jours, escale à Lyon. Nous avions quitté les océans, tombé les voilures pour venir caboter entre Rhône et Saône. « Les gars, ce soir, cap sur la Halle Tony Garnier, haut lieu de pèlerinage de ma tendre enfance et cavalons savourer la prestation du fringant Damien Saez en live. Qui m'aime me suive sinon quartier libre pour tous !». Primo, il y est allé tout seul. Secundo, nous subissons déjà assez ses goûts de chiotte en matière musicale. Sept mois que l’on se cogne l’album « Messina » en boucle. Triple album en plus ! « Rien à jeter, tout à réécouter » qu’il nous sort le forban des fosses communes de concert ! Voilà t’y pas qu’il nous remet cent balles cette semaine. Nouveau set du Brel du pauvre version rock mais en terre grenobloise cette fois. Et ton boucanier scribouilleur de s’y rendre derechef. A vanter la prose subversive et ciselée de l’écorché vif, digne ersatz d’un Bertrand Cantat. A se demander s’il n’a pas la carlingue qui se fissure, le cap’taine Etglou-Etglou ! Supputant que le proverbe à la con « jamais deux sans trois » allait pointer son blair, on a pris les devants. Aux fers qu’on l’a mis, l’Alzheimer des guitares saturées et autres ballades rock and drôles ! Ah il rage le pirate ! Tu l’entendrais vociférer ! Les chants de sirène à côté, tu dirais Carla Bruni & Zazie reprenant du Motörhead ! Mais on ne peut décemment pas le bâillonner. Pas l'envie qui nous manque pourtant ! Mais il serait capable de nous mordre ce rottweiler enragé ! De sacrés chicots qu'il a encore ! Ah ce n’est pas le râtelier de Shane Mc Gowan (le chanteur des Pogues, lectrice ignare !) qu'il arbore l'Tricao ! Pas une carie, l'cochon ! Y t'chope aux mollets, t'es juste bon à supplier un tarot au fournisseur de prothèses de Pistorius ! 

Alors, lectrice, t'as pigé le message ? Une modique rançon versée sous 48 plombes et on te le rend, ton épave. Ton naufragé de la vie. Sinon semaine prochaine, t’es bonne pour souscrire aux pitoyables chroniques de Morandini & Con (sorts). Allez ne sois pas trop vache avec le pirate, il a quand même bon fond.... de cale. 


jeudi 11 avril 2013

Troublé par l'ordre public

Trentième scribouille. Happy birthday, le flibustier braillard. Vous savez déjà que le nombre exact de galériens assidus, de surfeurs de passage, je n’en ai cure. Mais avec le sujet abordé ce jour, bon nombre d’entre vous risquent de quitter le navire. Tant pis. Trouvez un autre lieu pour vous dégripper les zygomatiques ! Tiens, par exemple, chez « Yts a blog », un petit suisse 100% matière grise aux vrais morceaux d’humour et de mélancolie à l’intérieur. Juste retour des choses car je lui dois mes premiers abonnés à l’aficionado sanantonionesque. Qu’il en soit ici remercié.

A l’instar d’un Capdevielle croisant Jésus au détour d’un erg, peut-être qu’une fois ce billet jeté en pâture aux hyènes moralistes de tout bord, je livrerai enfin l’adresse de mon blog à mes proches afin de ne pas deviser tout seul dans le désert. Dans l’espoir d’une once de commisération familiale. Car je vais envoyer du lourd. Parler d'infréquentable. Au risque que mon hébergeur croule sous les procès et le voir en retour, d’un index vengeur, couler mon bateau en appuyant sur la touche « Suppr ». Quoique. J’ai lu quelque part que le simple fait d’évoquer le patronyme de cet hôte prétendu peu recommandable, affolerait les moteurs de recherche si bien que certains le nommeraient dans des articles n’ayant aucun lien avec l’intéressé dans le seul but d’augmenter leurs statistiques. La course au nombre de vues, au buzz. Encore et toujours.

Donc gloire à toi, Adolf H…. Non, je déconne, hein. Mieux vaut préciser par les temps qui courent. Je vois déjà la kyrielle grabataire pro stalinienne, ivre de jalousie et rouge (forcément) de colère se jeter sur son clavier afin de me dénoncer à Mediapart ou autre palmipède entravé. Et de me questionner sur mon pedigree et ma déclaration de patrimoine à la lampe à souder. J’ose espérer qu’ils ne seront pas pressés. La reproduction rendue publique des plans cadastraux de mes nombreuses propriétés, celle de l’annuaire du gotha des joailliers visités par mes bons offices et l'inventaire de mes trois comptes bancaires helvètes (appelés catalogue des 3 suisses par mon gouailleur de comptable), prendront du temps. Passons. Non, je souhaitais tout bonnement apporter mon soutien à la liberté d’expression scénique de l’humoriste Dieudonné. Et pan ! Feu à volonté ! Droit au cœur, Messieurs !
(Temps mort : je laisse ici volontairement un espace afin que les nauséeux puissent régurgiter sans souiller ma future prose, fermer leur tablette, pc, portable mais surtout leur claque-merde.)

Car l’impossibilité pour un artiste de se produire dans certaines salles de spectacle municipales n’est-elle pas proprement anormale ? Alors que d’autres exhibent sur nos écrans publics, avec un sérieux à faire froid dans le dos, leur idées nauséabondes sous couvert de morale politique, de copinage journalistique sans qu’aucun bannissement médiatique ne s’opère. Ne serait-il pas plus judicieux d’inviter sur les plateaux télévisés celui que je considère comme l’un de nos meilleurs humoristes depuis Desproges afin de débattre en sa présence de ce que lui est reproché ? Car hormis Taddeï après 23 heures un soir de semaine et de pleine lune, peu s’y collent. Dommage. Je vous invite à regarder ses anciens spectacles solo afin de forger votre propre opinion (je resterai coi quant aux deux derniers ne les ayant pas vus). Tous les communautarismes, religieux ou non, beaufs ou intellos, en prennent pour leur grade. Même si ces derniers temps, je lui reprocherais le côté exécrable de c’est-çui-qui-dit-qu’y-est. De plus, la différence est mince entre 2000 spectateurs conviés à esquisser d’un seul homme ce geste de « glissage de quenelle » et celui du bras (ou poing) tendu, oreilles décollées et fierté nationale de certains meetings qu’il vilipendait naguère. Enfin, arrêter de confronter traite négrière et shoah. Pas de hiérarchie dans la souffrance humaine. Des charognards tentent de le récupérer, de le rallier à leur cause. Reste libre de toute chapelle, mon gars. Quant à la liberté d’expression, lecteur, j’y reviendrai. Si l’on ne m’a pas pendu d’ici là à une vergue de mon fameux trois-mâts fin comme un oiseau. Hissez haut !

mercredi 3 avril 2013

Le gouffre de Cahuzac


« Règle de base. N’avoue jamais. Même devant l’évidence. Première loi de l’école de la rue. Idem chez les flics. Puis dans le bureau du juge. Enfin, dernière escale parfois, applicable aussi en zonzon. » Dixit un vieux pote marginal dans l’âme. Perdu de vue. Mais pas de mémoire ni de cœur. Son principe toujours en vigueur dans toutes les strates de la société. Jusqu’au plus haut de l’échelle. Chef d’Etat compris. Si tu reconnais quoi que ce soit, tu es mort. Ne serait-ce qu’une infime partie. Toujours droit dans tes bottes. En toutes circonstances. Le b.a.-ba du voyou ou du politicard ambitieux (pléonasme ?). Ne rien laisser traîner. Tu effaces, au propre comme au figuré. Tous les moyens sont bons. Tous les coups sont permis. Cap pas trop compliqué à maintenir jusqu’au jour où… Alors voilà, on en est là. Pas une question de parti, de clivage. Droite, gauche, centre ou extrêmes. Même combat. Mais toi, le cocu tricolore, tu es content. Les lynchages collectifs te font bicher (argot de vioques) ou kiffer (djeun’s touch). Ca ne t’ôtera pas le goût d’aller arborer ta brème d’électeur à la prochaine. Et l’homme descendrait du singe ? Cent fois plus du mouton, je te dis ! C’était bien la peine d’aller faire chier les Dolly écossaises. Soixante cinq millions de clones au garde-à-vous. Parce que tout sauf le désordre. Nécessité absolue d’être sous l’emprise d’un patron, d’un chef, d’un guide. Peu importe qu’il soit menteur, voleur, tricheur, etc. mais une référence pensante. De posséder un bon bouc émissaire aussi. Pratique en plus. Pour ce qui te sert de conscience. « Ce n’est pas ma faute à moi, c’est lui le coupable. Ben oui, j’ai voté pour lui, je lui ai donné les pleins pouvoirs. J’pensais pas faire mal, Sire. Vous avez vu ce qu’il en a fait ? Une honte. » BANDE DE TOCARDS.


Bien beau mon discours anti tout, enfin surtout anti toi, mais concrètement, on fait quoi ? Toi, je sais. Toujours à te planquer. En attendant la fin de l’orage. Le courage personnifié. A ricaner dans l’isoloir. Pensant foutre la pagaille avec ton pseudo vote contestataire justifiant l’inqualifiable. Ou alors l’autre versant. « Un qui gicle ? Une bonne place à prendre.  Et pourquoi je ne goûterais pas au gâteau ? ». Soif de pouvoir, d’en être, par ici la monnaie, le buste en avant, la tête haute, les mains propres. Admirablement con comme un slogan des années 80. Je sais. Des comme toi, il s’en pointe des centaines. A chaque élection. A te faire miroiter des promesses intenables. Des palanquées d’Iznogoud en herbe. De poste municipal en siège suprême. Pas prêt d’en voir la fin. Hélas. Je ne crois pas que mon avenir soit entre les mains d’un autre. Je t’invite à en faire autant. Attention, pas la révolution du grand soir. Celle qui rêve de mettre des nouveaux cons en remplacement des cons en place. Non. Juste des petits gestes du quotidien. D’élémentaires actions de proximité en opposition aux lois imposées à tous et en toutes circonstances. Besoin de légiférer, mon cul. Le système D en bandoulière. Aider sans attendre de contrepartie. De médaille. Dépendre du moins de gens possible. Reprendre ton autonomie. Sectionner les fils du pantin que tu es devenu. Ne plus suivre personne. Et encore moins les livres. Saints ou pas. Idéologies de groupe qui te dictent ce qui est censé être bon pour toi. Foutaises. Indépendance totale de pensée, de parole, d’actes. Refuser de serrer la main de celui qui t’assassine une fois le dos tourné. Changer tes habitudes d’esclave ou de profiteur, ta morale en carton, t’ouvrir sur l’inconnu, repousser ta peur de l’autre, du différent. Rejeter le « diviser pour mieux régner ». Facile à dire ? Je n’ai jamais écrit que ça allait être simple. Commencer par dire NON. Et l’effort de proposer autre chose derrière. Maintenant, fais comme tu veux. J’ai déjà largué les amarres. L’action individuelle face aux chants des sirènes politiques. Tu es libre. Et le temps presse. Nous sommes au bord du trou, de l’asphyxie. Ceux qui nous gouvernent ont déjà fait un grand pas en avant. Envie de rejoindre le gouffre de Padirac Cahuzac ?