Vendredi 13 novembre. Journée
internationale de la gentillesse. T’en penses quoi, toi l’abonnée du blog du
Pirate, mais également fidèle lectrice de Psychologies Magazine, preuve vivante
que l’on peut très bien mélanger torchons et serviettes fussent-elles
périodiques. Parce que pour ma part, j’ai bien peur que cette initiative n’ait
pas été entendue par tous à sa juste valeur. Peu de chances que ces barbares de
djihadistes aient renouvelé leur abonnement sinon auraient-ils pris le soin d’annuler
leurs méfaits sanglants ou au pire de les reporter jusqu’à la sortie du
Beaujolais Nouveau, enfin merde quoi. « Barbares de djihadistes » ???
Où ai-je la tête pour scribouiller pareille sottise, nom d’un prophète ! Veuille
bien, lecteur, accepter mes plus plates excuses pour cet affreux pléonasme. Promis
je ne le referai plus, croix de bois, croix de fer, si je mens j’irai en enfer
ou pour les plus athées d’entre vous, à un concert de techno, ce qui équivaut,
à la même terrible sentence pour mézigue. Bref.
Nous voilà donc en période de deuil
national. Les messages de paix affluent de toute la planète et chacun de se
débrouiller avec sa peine, sa colère, sa peur. Suis-je triste ? Bien
entendu. Voir de jeunes mecs largués socialement (ou pas d’ailleurs), mais endoctrinés
par des fous extrémistes (putain Tricao, second pléonasme, au prochain c’est David
Guetta en boucle jusqu’à ce mort s’ensuive), exterminer des anonymes de leur
âge en train de partager un moment chaleureux et amical qui autour d’un bon
verre, d’un bon repas, d’un concert, etc. Comment veux-tu accepter ça ?
Suis-je en colère ? Plus que jamais ! Contre ces assassins évidemment
mais aussi contre ceux qui récupèrent ces actes odieux à des fins politiciennes
et partisanes. Union nationale ou internationale, mon cul ! Je refuserai
toujours de marcher bras dessus bras dessous avec ceux qui veulent nous diviser
en nous imposant une seule culture, un seul moule, une seule bannière, un seul drapeau. De même, je
conchie ceux qui signent avec le sang de leur peuple nos registres de
condoléances.
Ai-je peur ? Oui. Mais pas
de ce tu crois, lecteur. Pas du terroriste qui aurait davantage tendance à me
foutre en renaud devant la lâcheté sans nom des actes du susmentionné : parce
que toi, oui toi le GI Joe de banlieue, le lobotomisé mi- religieux, mi-cromania,
surentraîné au maniement des armes, des
explosifs et de la console vidéo qui préfère te mesurer à de jeunes épicuriens
seulement épris de bonne chair, de musique et surtout de vivre ensemble, je ne
te crains pas. En revanche, j’ai une frousse terrible de quitter ce monde en
ayant pour dernière et unique vision ta sale gueule de con en train de me tirer dessus, de me
découper à l’Opinel rouillé (alors que si ça se trouve mon vaccin antitétanique n’est
plus à jour), ou de m’éparpiller façon puzzle au prochain concert du fringuant Sansévérino.
Penser que le jour où nos routes se croiseront, je ne pourrai plus, en
compagnie de mes potes, boire une bonne Trappiste Rochefort 8, manger une
succulente choucroute royale chez Georges, aller écouter du rock même pas
satanique et pourtant dieu sais-je ma compassion pour le Diable, lire et
relire l’intégrale de Cavanna, co-fondateur de Charlie, et surtout embrasser les
miens, leur dire que je les aime, que la vie vaut le coup de rester debout sans
jamais se mettre à genoux devant l’innommable.
Alors lecteur, lectrice,
prenez soin de vous et n’omettez pas de profiter de la vie. Paix. Peace.
Frieden. Pace. Salam. Shalom. Et dans toutes les autres langues que
malheureusement j’ignore.