mercredi 23 juillet 2014

Le vieil home et l'amer

Toc, toc… Y’a quelqu’un ?... Fait sombre là dedans. Une lanterne, vite ! Comme retranscrivait Gourio par l’entremise de ses fumeuses brèves de comptoir, « quand tu connais la vitesse de la lumière et que toi, tu mets parfois une plombe à trouver l’interrupteur ! ». Bon ben va falloir aussi tomber les toiles d’araignée, ouvrir les fenêtres. Bref, bienvenue à toi lecteur. Après des pérégrinations réelles et autres escapades virtuelles m’ayant tenu éloigné de cet antre, me voilà enfin de retour au bercail. Home, sweet home. Le temps de souffler sur les touches du clavier afin d’ôter la poussière et je suis à toi. Plus de quatre mois se sont écoulés depuis une certaine mortelle randonnée. Une naïve lectrice de mes connaissances s’étant même posé la question si mon dernier opus n’était pas autobiographique et si je ne croupissais pas à l’heure actuelle dans quelque geôle jusqu’à ce que la faucheuse m’offre la dernière échappée vers d’autres cieux. Je sais bien qu’il est dans l’air du temps que certains en mal d’exister claironnent leurs prochains forfaits meurtriers ou suicidaires via les réseaux sociaux. Mais non. Tout baigne. Et pas dans l’hémoglobine.
J’ai bien pensé revenir de temps à autre scribouiller mes coups de mou, mes coups de cœur, mes coups de trique (Ah ? Oh !). Le monde continuait de tourner. Toujours pas rond. Pourtant, sur nos écrans, l’info en boucle. Va comprendre, Cassandre. Bon puis tremper ma plume dans quoi ? La politique ? Se joindre au Hollande bashing alors que le roi des cons sur son trône se débrouille très bien tout seul ? Te faire part de mes hallucinations sur un retour possible de Joe Dalton alors que je n’ai toujours pas réalisé comment il a pu arriver un jour sur la plus haute marche ? Se mettre la rate au court bouillon devant ce putain de thermomètre nationaliste qui fait grimper lentement mais sûrement la fièvre haineuse et qui nous finira bientôt tous dans le fondement sans avis médical préalable ? Sinon l’actualité sportive ? Ben oui. J’aurais pu, j’avoue. Comme toi lecteur muni de tes charentaises à crampons, j’ai passé quelques footeuses soirées brésiliennes. Mais franchement, te tartiner des comptes rendus de matchs insipides, flinguer ou encenser des millionnaires en short, endosser la panoplie de l’un des soixante et quelques millions de sélectionneurs que compte l’Hexagone, tu m’as compris… Si tu as envie de ça, tu prends ta souris sous la paume, ton tactile sous l'index et direction les spécialistes du zinc. A taper le carton rouge entre deux jaunes. Plein les forums du net, les radios, les plateaux télé. S’autoproclamant analystes. Et pourtant bien souvent à la limite du hors jeu.

Alors à part ça ? Et ben ça va, si il s’passe que’que chose, on vous l’dira. Dixit le bon Renaud du temps où il venait encore de louper Télé Foot. Tiens, le père Séchan, je voulais t’en causer un brin. Lui qui vit maintenant caché sur les rives de la Sorgue. Loin du tumulte. Si éloigné des feux de la rampe que le jeu macabre de certains charognards consiste à savoir quand il va lâcher cette dernière. Z’ont beau réclamer son come-back à coups de reprises, la nouvelle (et l’ancienne) scène française. Sortent une compilation comme un hommage… Mon cul ! Un linceul, ouais ! Laissez le peinard, bandes d’épitapheurs à la petite semaine. Terminarès la chanson. La voix embrumée par les goldos bruantistes et les vapeurs d’alcool rimbaldiennes. Plus envie de montrer sa trogne. Il a le droit non ? Alors bien sûr que j’aimerais l’entendre encore, le naufragé des icebergs de fond de verre. Enfin plutôt lire sa plume vengeresse et caustique. Mais surtout pas vos voix, nécrophages de la charmante ritournelle. Bien plus vivant que vous le titi de Paname. Mais peut-être qu’il navigue sous pavillon caché sur le web. Va savoir. Et que même si ça se trouve, il me lit, tiens ! Alors compagnon au bandana rouge, si nos claviers viennent à se croiser, nos chaloupes webiennes accoster sur le même rivage, sache que je te salue. Longue route à toi. Réembarquons sans nous retourner. Eloignons nous de l'amer. Dès que le vent soufflera, of course.