vendredi 14 juin 2013

Pour une poignée de mollards

Hé, hé… Avoue, ami lecteur… Tu le présumais calenché ton flibustier préféré ? Jack Sparrow becqueté par les requins du net ou noyé au fond de quelque tonneau de Jack Daniel's. T’es rassurée, gentille lectrice ? C’est qu’vous vous y étiez faits à mon p’tit post hebdo. Depuis près de neuf mois que dure la plaisanterie. A vous questionner à quand j’allais accoucher du dernier. Ben, c’est fait. Gloria in excelsis pirateo. Et in blogum pax scribae bonae voluntatis. Amen. Il est né le divin billet. Chantons tous mon… enfermement. Mais achtung. Ne vous enflammez pas trop vite, les moussaillons. Pour user de la métaphore cycliste, il est grand temps de changer de braquet. Avant de s’essouffler dans la côte d’usure. Dorénavant, le rythme des scribouilles va dépendre de plus en plus des vicissitudes et des humeurs primesautières de votre hôte sans causer des escapades au gré des aléas météorologiques. Et ne venez pas pleurnicher que vous n’étiez pas au courant. Dès la première bafouille, j’avais prévenu. Un mal pour un bien. Evitons la routine. Rien de plus agaçant pour mézigue que d’écrire sous la contrainte du sablier. Et pour vous, de parcourir du paragraphe sans saveur. Pas de clause abusive avec mon hébergeur. Intérimaire à la petite semaine. Aucune épée de Damoclès au dessus du foulard rouge. Un contrat moral vis-à-vis de toi, lecteur ? Et puis quoi encore ! Combien êtes-vous d’abord ? Deux ? Cent ? Mille ? Considérant qu’au dessus de ce seuil, ce blog serait malencontreusement épinglé à la une chez Hanouna, Morandini ou autre délabré de la pensarde, piètres chercheurs statisticiens du vide sidéral télévisuel et webbien (?), en perpétuelle quête de nouvelles silliconnasses botoxées, si fières de se faire buzzer sur leurs canapés en skaï à longueur d’émission. Audimat über alles. 

Ceci posé, j’étais parti pour vous pondre autre chose. Mais j’ai baissé la garde. Pas réussi à trouver le bon angle d’attaque. L’ouverture qui vous aurais mis knock-out. Mon uppercut s’est émoussé. Contrairement à celui de cet abruti de skinhead (pardon pour le pléonasme). Car c’est là que je voulais en venir. Cette douloureuse actualité qui fait grimper le thermomètre de ma misanthropie un peu plus chaque jour. Violence omniprésente. Alors une fois n’est pas coutume. Je vais me faire aider sur ce sujet qui me tient à cœur. Jean Claude Izzo. Tu connais ? Je te laisse le soin de parcourir Wikipédia pour la bio’. J’ai connu cet écrivain marseillais grâce à sa trilogie policière. Que je te recommande par ailleurs. Et puis j’ai tout englouti. Boulimique de ses mots colorés, ses marins égarés, ses parfums de Provence. Jusqu’à une petite nouvelle qui s’intitule « Chien de nuit » (1). Rien que du brut. Pas de morale énoncée. A toi de réfléchir. D'écrire la suite. Cette dernière est remontée comme une torpille à la surface des abîmes de ma mémoire polardeuse. Même si elle ne plaque pas forcément avec le fait sanglant qui nous préoccupe. Mais il me reste ce même goût amer. Mélange de colère et de peur. La bave aux lèvres des pitbulls contre ma propre salive. Car je crache sur la récup' politique ou groupusculaire de ces actes barbares. Je crache sur l’expression « fait divers » car ce maudit terme implique la banalisation, l’indifférence. Je crache sur les sempiternelles banderoles « Plus jamais ça » tant galvaudées. Je crache sur les mesures prises à l'emporte pièce. Comme si il était possible de dissoudre la Haine. Mourir ou tuer pour un idéal ? Crever ou trucider pour une couleur de peau blanche, noire, jaune, un regard de travers, une simple cigarette ? Ne jamais laisser faire. Continuer à se battre. Avec quelles armes ? Eduquer. Encore et toujours. Inlassable funambule sur la corde raide menant au respect de l’autre. Trouver et conserver ce putain d’équilibre. Démerde-toi avec ça !



(1) http://authologies.free.fr/izzo4.htm

mercredi 5 juin 2013

Une rétro du plus bel effet

Roland Garros. Porte d’Auteuil. Le Central. La terre battue maculant les chaussettes des arpenteurs de fond de court. Ou bien décalquée sur les omoplates des plongeurs sans filet. La petite balle jaune qui n’en finit pas de rebondir aux limites des carrés de service. Ou alors le long de couloirs à la limite du hors jeu. Le soleil plombant les bobs immaculés des hauts de tribunes jusqu’aux canotiers des box proches à sniffer les lignes blanches. Symphonie de torticolis potentiels à l’affût des fidèles abonnés : Dabadie, PPDA, Rochefort, Belmondo père & fils, Charles Gérard, Pierre Richard, etc. Ou alors les parapluies en accent circonflexe aux couleurs des programmes du jour. Puis les bâches tirées en hâte par de petits ramasseurs de balles au risque de finir engloutis par la vague verte. Même ton pour les murs tagués à la gloire d’une banque. Identique depuis des générations. On ne changerait pas cette année ? Bah Non Pourquoi ? Les congélateurs et chaises arbitrales dédiés à celle d’une boisson gazeuse. C’est fou, non ? Souvenirs maintenant lointains de la quinzaine durant laquelle je sprintais chez moi dès la fin des cours rejoindre d’autres courts. Je délaissais le Tango en cuir noir et blanc, le béton grisâtre du quartier pour l’écran télé et les feutrines jaune fluo sur fond ocre. D’autant plus pratique que la période correspondait à l’enfer vécu des premiers pollens allergisants. La Zyrtec Connection distingue très bien ce dont je cause.


Puis survint le 11 juin 1989. Dimanche maudit jusqu’à la fin des temps. Un prince suédois terrassé par un sale môme américain qui ne lâchera rien. Putain, merde. T’avais pas le droit, gamin. Mon Edberg. Le digne apôtre mondial du service volée. L’ange blond toujours tiré à quatre épingles battu par le diablotin marathonien et son jeu de jambes de dix sept printemps. La grâce du revers à une main, éteinte par la double prise du manche, à l’instar d’une hache prête à détruire mes rêves d’élégance. A en chialer d’impuissance. L’Histoire est un éternel recommencement, dis-tu ? Sensation de déjà vu. Cinq ans auparavant. Quand la froide rigueur d’Ivan le terrible s’impose au bouillant Big Mac malgré son velouté cordé inégalé et sa sauce arbitrale aigre douce. Les premiers coups de marteaux annonciateurs d’une future ribambelle de cogneurs. De bûcherons ahaneurs. Bruguera, Courier, Muster. Un enterrement de première classe pour les glorieux alpinistes nantis d’une bande de filet pour graal. Boris, Pete, Stefan, John et consorts, reposez en paix, je veille pour votre mémoire. Le tennis d’attaque se pratiquera désormais de la ligne de fond. Le travail de sape pendant cinquante échanges. Fiers d’être aussi bons essuie-glaces que distributeurs de balles robotisés. Des machines à renvoyer. A envoyer du lourd. Jamais déréglées. Des Terminator en puissance. Jimmy Connors ? Oui. Pan ! Pan ! Pan !


Alors il me reste Wimbledon. Ses fraises à la crème. Son gazon. Ses plongeons désespérés. Ses tenues immaculées. Le silence quasi religieux des travées même le mercredi. Pour ne pas réveiller en sursaut le box royal sans doute. Un peu de légèreté mais pour combien de temps encore. Enfin, vivement début juillet… Je n’ai plus le rhume des foins.