samedi 31 décembre 2016

La nuit promet d'être belle

The end. Générique. Clap de fin. Enfin. 2016 se tire. Crève bien année moisie !  Alors quoi ? Bienvenue 2017 ? Rien à battre non plus. Là normalement, après ce préambule dithyrambique sur le passage d’une année à l’autre, tu te dis, lecteur, que le Pirate est encore d’humeur aussi noire que le pavillon de son rafiot et qu’il se rapproche un peu plus chaque hiver de son suicide. Ben non. Je viens juste scribouiller mes états d’âme à l’instant T contrairement au dépressif qui se jette pieds joints de son huitième étage et dont la seule chose qui lui passe par la tête, c’est sa colonne vertébrale. Tiens, au fait lectrice, toi que je sais cultivée puisque tu me lis depuis lulure, saurais-tu m’expliquer pourquoi nous évoquons l’instant T et non pas l’instant I à l’instar du jour J et de l’heure H ? Le T parce qu’unité de Temps et le I serait déjà utilisé pour l’Intensité en physique ? Simple hypothèse. Pas la peine de me répondre même par SMS ou courrier mail, je m’en pète un rein ou alors à la limite, innovons avec le quart d’heure Q rien que pour nous gausser de ces expressions à la con. Bon alors, envie de trépasser, le Pirate ? Moins que jamais. Et au nom de quoi j’irai anticiper une fin de toute façon inéluctable puisque la science continue de refuser de se pencher sur le maxi cancer à deux lames qui nous guette tous : la Connerie jumelée à l’arme atomique. Je ne suis pas pressé et puis j’ai des choses super importantes à terminer : les intégrales de Dard, de Céline, de Cavanna, écouter les derniers opus de Saez et Sanseverino, voir le biopic sur Chet Baker, rire aux ultimes bulles de Gotlib, etc. Ah, Gotlib… Putain, Marcel, dans ma précédente scribouille, je te demandais de prendre soin de ta santé et toi, qu’est-ce que tu fous, tu calanches pour rejoindre tes illustres potes Franquin et Goscinny ! Heureusement que je ne suis pas superstitieux. Mais j’ai pris des places pour les tournées 2017 de David Guetta et Jul, on ne sait jamais. Bref.

J’en étais où ? Ah oui ! Mourir. Ouais, la belle affaire mais vieillir nous chantait Brel. Vous me manquez, Monsieur Brel. A ce propos, juste un petit aparté. Ne fais pas la gueule, lectrice, les digressions sont souvent ce qu’il y a de plus intéressant chez les grands écrivains. Hum, hum. Donc soliloque car je suis sur mon blog et je fais ce que je veux, ok ? Sans blague… As-tu remarqué lecteur (je m’adresse à toi car la lectrice est partie faire la gueule) que mes références littéraires évoqueraient quelque peu la naphtaline pour peu que tu n’ais pas saisi toute la quintessence de leur œuvre ? Ce dont je doute bien entendu… Hein ? Rassure-moi, lecteur… Vu que tu ne peux pas venir écrire tout le bien que tu penses de mes billets, fais un signe approbateur du chef devant ton écran, cela suffira. Bien. J’ai conscience que mon Panthéon culturel se rétrécit comme peau de chagrin au fil du temps qui passe. Suis-je plus sévère avec la nouvelle génération bien portante ? Peut-être… Mais quand je tombe sur le palmarès des personnalités préférées de mes compatriotes, permets-moi de douter sur le fait que nous vivons dans le même pays. Mais j’y reviendrai un de ces quatre. Pas que je m’ennuie avec vous, mais de majestueux fantômes, squelettes et autres pendus sans cravate m’invitent à faire danser l’aiguille de mon radar. Pour que rien n’arrive de fâcheux aux deux poètes bien vivants à qui j’ai emprunté cette ultime image, je ne citerai que leurs initiales : J.H. et H.F.T. Sachant que pour le premier nommé, il ne s'agit pas de notre sémillant Johnny Halliday national. Euh Johnny H, pardon… Trop tard... Croque-morts, allumez le feu !

jeudi 25 février 2016

Avec le temps, Léo, avec le temps...

Je t’ai déjà causé de l’angelot et du diablotin qui s’affrontent lors de mes réflexions sur des sujets épineux ? Sûrement.  Sinon tu n’as qu’à imaginer le tableau composé d’un avocat à auréole dorée et ailes dorsales et d’un procureur à trident aiguisé et cornes frontales dessinés par Gotlib ou Maëster (je vous aime, prenez soin de vous) perchés à hauteur de mon oreille, s’étripant dans un procès haut en couleurs. Affaire du jour : Bertrand Cantat. Toujours pas résolue. D’un côté les réquisitoires, ne plus parler de l’assassin, boycotter sa musique, trouver indécent le fait de remonter sur scène, etc. De l’autre les plaidoiries, sa dette payée, est-il possible d’interdire à un repris de justice d’exercer à nouveau son métier même médiatique, séparer l’œuvre de l’artiste des actes de l’homme, etc. Bref. Moi, au milieu de tout ça, comme un juré que je refuse d’être.

Je pourrais faire comme certains. L’autruche. Essentiellement les radios. J’écoute, je parle de ses disques mais sans prononcer le nom de l’infâme. Je cours à ses concerts en rasant les murs et priant de ne croiser quelque connaissance. Ou alors pérorer ici ou là qu’il fait maintenant « de la merde », nostalgie de Noir Dez, blablabla. Tu les connais, lecteur, ces courageux de l’ordinaire, ces opportunistes chers à Dutronc. Mais voilà. Je ne suis pas un média, je trouve le groupe Detroit excellent de sobriété, mélange de poésie et de rage. Un rock jubilatoire. Et je n’arrive pas à dissocier l’auteur-compositeur Cantat, un des plus doués de sa génération, de l’assassin Cantat, bourreau de Marie Trintignant et indirectement de Kristina Rady, si j’en crois les gazettes bien mieux renseignées que les magistrats instructeurs. La presse people attirée par l’odeur du sang. Meurtre au sein d’un couple médiatique. La rock star qui élimine son égérie. L’aubaine. Condamné à perpétuité même dehors. Quand l’émotionnel l’emporte sur la raison. Sujet de société de plus en plus présent dans ma lucarne. Observe Delahousse, Pujadas & Co, lectrice, et reviens me voir.


J’en suis au stade des délibérations. L’angelot et le diablotin se sont rassis. Je vous laisse à vos conflits sur le courage ou la provocation de montrer à nouveau sa trogne en public, au droit à la seconde chance ou à la condamnation irrévocable. L’artiste rocker n’est pas dangereux. L’homme l’a été, par jalousie, écorchure, agressivité incontrôlée, ce n’est pas à moi de définir les instruments du crime. Lecteur, tu peux trouver ce billet anachronique. Faut dire que j’ai longtemps laissé infuser. Mais je crois que le débat ne sera jamais clos. Une sorte de traversée du désert. Tempêtes de sable et soleil brûlant se succèdent. A la recherche d’un nouveau monde, d’un nouveau souffle. Le vent nous portera. Tout disparaîtra.