500 connards sur la ligne de départ et un
blaireau - votre serviteur - devant sa lucarne ex cathodique. Ben ouais, nobody
is perfect. Renaud n’a pas tort. Mais lui aussi m’a parfois déçu par le passé. Donc
match nul. Donc billet sur le Dakar. D’accord ? Je ne rate jamais la
quotidienne télé. La course, je m’en cogne. A un point. Tiens, pour te prendre
un exemple dans l’actualité récente, comme du pseudo fisc fucking de Depardieu.
Les chronos et pénalités, les favoris des pros team bardés de sponsors, les
bagnoles au tuning improbable, les camions aux allures de bennes à ordures
idem. Une seule chose me scotche sur mon moelleux canapé à l’heure
apéritive : les poireaux sauce chili.
Non charmante lectrice, amatrice des fiches
cuisine de Femme Actuelle, ne te mets pas la rate au court bouillon, ton
scribouilleur adoré n’a pas encore le citron qui prend la tangente ou le bocal
fêlé. « Poireau » est le surnom dont sont affublés les amateurs, les
sans grade qui participent pour la première fois à un raid. Avec terminer
l’aventure comme seul but. Pas d’assistance mécanique ni de douillet camping car,
contrairement aux riches écuries que je qualifierais de grosses légumes. Que le
système D et une clef de quinze en bandoulière. La solidarité entre motards ou
avec le public enthousiaste venu les encourager.
« Sauce chili » car tu n’es pas
sans ignorer, lecteur dont le GPS ne sert que pour tirer jusqu’au tabac le plus
proche les jours fériés, que le Dakar se passe sur les terres sud américaines
depuis quelques années déjà. Spectacle grandiose. Farandole d’aquarelles qui te
font passer des dunes à la rocaille de la cordillère tout en survolant la
pampa. Visite et rencontre (trop) express des grandes agglomérations ou
modestes villages et de leurs âmes hautes en couleurs. Tout est réuni. La
palette météorologique également à son apogée. Des rafales de vent à l’instar
des tempêtes de sable subsahariennes. Ce n’est pas à toi que je raconterais des
salades, tes dents peuvent en témoigner lecteur, les poireaux et le sable n’ont
jamais fait bon ménage. Plus de quarante sous le casque et sur la piste un jour
et moins dix le lendemain à 3600 mètres d’altitude. Et moi comme un con, bien calé
dans mon sofa à côté du poêle flambant neuf, avec tout le whisky que je
m’envoie, et moi, et moi et moi…
Sache que je ne l’envie pas ce pilote obscur
mais émérite. Mille chutes plus ou moins spectaculaires, se relever autant de
fois, s’enliser, cohabiter avec le stress des délais, l’ombre de l’hélico des
commissaires de course planant au dessus de sa bécane, très peu pour mézigue.
Je souhaite demeurer un simple invité sur son périple, témoin d’une passion qui
le pousse au bout de ses forces physiques et mentales. Il est la légende des
rallyes. Lui seul. Je remarque que la presse française ne parle jamais de son
cas. Si ce n’est lors de son décès accidentel, bien sûr. Bande de vautours. « Les
charognards sont là, la mort ne vient pas seule » chantait la chetron
sauvage à qui je réclame l’indulgence pour le scribouillage d’aujourd’hui.
Putain, je ne demande pas le Pérou quand même ! Bon d’accord, un peu mais
en compagnie de l’Argentine et le Chili, s’il te plaît…