jeudi 3 janvier 2013

Légion d’horreurs


Nous y sommes. Janvier et son cortège de vœux pieux. Arrêter de trop bouffer, de fumer, de boire à outrance (alors que je ne sais même pas où c’est), puis reprendre le sport, économiser, et cetera. Ah lecteur, pourquoi une telle opiniâtreté mise au service de causes débouchant sur un si mortel ennui ! Mais avant que ton neurone hiberne sous ces piètres résolutions, merci de rajouter définitivement sur ta liste de dernières volontés de ne plus m’expédier tes vœux. Contraint de répondre que j’étais jusqu’alors. Par politesse. Pour ne pas te froisser. Ben tout ça, terminarès en 2013 ! Passé l’âge de faire des simagrées, le pirate. Mon unique résolution de l’année. Ne répondre à personne.

Bien sûr que je pourrais, par facilité, pondre un petit billet intitulé sobrement « Bonne année les gens » avec des vrais morceaux de faux cul dedans. Le tout suintant le cirage et la larme factice. Ou faire un envoi groupé de mails ou sms à l'instar de certains fainéants de m’as-tu-vu exhibant leur répertoire virtuel comme d’autres arborent leur ruban à la boutonnière acquis par promotion, voire EN promotion dans le sens où c’est bientôt les soldes. Légion d’horreurs, oui ! Bande de branques breloqués ! A ce propos, gloire à vous monsieur Tardi qui, cette semaine récusez à votre tour le pouvoir politique en déclinant l’invitation au bal des médaillés du nouvel an. Céline, Manchette, Malet, Vautrin et Benacquista peuvent être fiers de leur illustrateur. Messieurs les distributeurs de futilités, d’honneur, vous n’aurez que son bras.

Non mais franchement, lecteur si avide de reconnaissance que tu ferais dans ton froc si l’occasion se présentait, je t’observe, tu le sais depuis le temps. La récompense. On te bassine avec ça depuis le berceau. Et comme ça toute ta vie durant. Le bon point obtenu de haute lutte sur ton banc d’école. Puis ta chétive augmentation vomie du bout des lèvres par ton dégueulé syndical après son banquet patronal. Jusqu’à la décoration suprême sensée distinguer l’Homme Illustre de la Bête Abjecte. Oui, jeune lectrice à Ice Watch fluo ou vieille rombière à broche camée jusqu’aux yeux, tu peux considérer que l’absence de Rolex ou de rosette dans ta tenue te sauve du ridicule d’une existence passée à lécher les pompes de feu « la force tranquille » et les talonnettes de « la France forte ».  Crois-moi bien qu’aucune bête ne s’abaisserait à pareille chose. C’est te dire l’ignominie de ces gars là. Ouarf, ouarf.

Alors, lecteur, je t’en conjure. Lors de tes bonnes résolutions futures, et si jamais tu deviens ce héros élu par des zéros, n’oublie pas de renoncer à cette carotte destinée aux ânes. Te faire flatter l’égo à coup de colifichet est un jeu de dupes. Demeure libre ! Comme un dernier cri. Pirate. Mais un poète l’a chanté bien mieux que je ne pourrai jamais le scribouiller. Lis cela comme mon vœu pour 2013, 2014, 2015… enfin bref, pour l’éternité.

Cette parole d'Evangile
Qui fait plier les imbéciles
Et qui met dans l'horreur civile
De la noblesse et puis du style
Ce cri qui n'a pas la rosette
Cette parole de prophète
Je la revendique et vous souhaite
Ni Dieu ni maître.

Merci Léo.